Golden Stage / Ensemble(s) / Femme fatale / Mazelfreten / Vous avez dit Popping ?
- Par Gourreau Jean Marie
- Le 03/04/2022
- Dans Critiques Spectacles
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Rave Lucid / Mazelfreten
Golden Stage :
Vous avez dit popping ?
La danse hip-hop ne cesse de se diversifier et d’acquérir ses lettres de noblesse, au point que certaines compagnies se spécialisent désormais dans certains styles comme le popping, le waacking, le locking, ou bien encore la danse Electro. Toutes les quatre sont des danses précurseures, adoptées par le hip-hop ou issues de cette discipline. Le popping, encore appelé smurf ou electric boogaloo, est une danse née à la fin des années 1970 sur la côte ouest-américaine, et popularisée par le groupe californien Electric Boogaloos. Son principe de base repose sur une succession de contractions et de décontractions en rythme des muscles (hits), orchestrée par des claps. Elle fait partie des styles funks*.
Apparu lui aussi dans les années 1970 à Los Angeles dans les clubs homosexuels, le waacking est une forme afro-américaine de danse de rue qui consiste à mouvoir les bras au rythme de la musique funk et disco. À l'origine c'est une danse qui se veut être une adaptation d'une danse sensuelle féminine exécutée par des hommes. Ce style était appelé punking à l'époque, les hommes gays étant souvent traités de punks (nazes).
Unbounded / Femme fatale
Le locking est un type de danse funk inventé par Don Campbell également au début des années 1970 à Los Angeles, souvent rattaché à la culture hip-hop. Ce nom est basé sur le concept de verrouillage des mouvements, lesquels sont gelés à un moment donné dans une certaine position durant un court instant puis repris à la même vitesse qu’auparavant. Il repose sur une gestuelle rapide des bras et des mains que le danseur associe à des mouvements de hanches et de jambes moins fulgurants. Cette gestuelle, rythmée, hachée et étroitement synchronisée à la musique, est ample et exagérée, axée sur la performance. Elle interagit souvent avec le public.
Quant à la danse electro ou electro dance, elle est la première danse urbaine française fondée sur des mouvements atypiques inspirés du vogue, du locking, de la house ou du popping, et adaptés au rythme de la musique electro house Cette danse est pratiquée depuis les années 2000 lors des soirées dans certaines boîtes de nuit, entre autres le Vinyl, le 287, le Redlight et le Metropolis de Rungis. Elle se caractérise par une gestuelle à la fois circulaire et ample autour du corps, exécutée de façon énergique, voire frénétique. Chaque danseur possède un « blaze », l'équivalent d'un pseudonyme, après avoir acquis une certaine réputation. Ceux-ci se regroupent alors par crew ou par team, dans le but d'évoluer ensemble.
Rave Lucid / Mazelfreten - Ph. J. Lutumba-Viascent Rave Lucid / Mazelfreten - Ph. J. Lutumba-Viascent Unbounded / Femme fatale
Ce long préambule pour évoquer deux compagnies révélées par le « Golden Stage », plateau hip-hop créé en 2015 dans le cadre du Villette Festival et au sein duquel se défient les meilleurs crews, tant français qu’internationaux. Se sont cette année affrontés dans des shows fiévreux alliant performance et inventivité deux groupes, le trio « Femme fatale », avec sa création Unbounded, et la compagnie « Mazelfreten » avec son spectacle Rave Lucid. Trio de choc féminin, « Femme fatale » évoque la diversité culturelle et le parcours parfois difficile de trois artistes venant de 3 pays différents, la France, le Mexique et la Corée du sud, que la danse a réuni inopinément. Virtuoses du popping, du waacking et du locking, elles délivrent un show funky qui célèbre la libération de la femme, sur une musique endiablée de James Brown. Rave Lucid est une création de la compagnie Mazelfreten pour 10 interprètes, menée par Brandon Masele et Laura Defretin. Ce duo de chorégraphes réutilise les codes de la danse électro pour développer une danse viscérale, originale et percutante, sur les rythmes effrénés d’une musique électro/house et techno. Détonant et chaleureux, à l’image des valeurs hip hop, ce programme est enflammé par le flow rageur et cadencé du célèbre rappeur Vicelow.
Outre le message délivré de solidarité et d’amitié entre les groupes, l’intérêt de ce spectacle réside dans l’étonnante performance de ces danseurs aptes à réaliser avec une précision extrême les figures les plus difficiles dans un ensemble à couper le souffle. Il est vrai que les impulsions leur sont données par les rythmes de la musique, mais parvenir à une telle perfection tient réellement du prodige. Ce qui fascine dans ces danses, c’est que ces impulsions martelées répétitives, traduites en mouvements obsessionnels par les danseurs, créent une cadence hypnotique, une sorte de transe dont l’énergie se communique et rejaillit sur le public envoûté. C’est ainsi qu’il finit par s’établir un échange, une sorte de partage entre danseurs et spectateurs sous forme de décharges, ces derniers les renvoyant démultipliées aux danseurs.
J.M Gourreau
Ensemble(s) / Golden Stage, Grande Halle de la Villette, du 31.03 au 02.04.2022, dans le cadre du festival 100 %.
* Le funk est un genre musical ayant émergé vers le milieu des années 1960 aux Etats-Unis dans la lignée du mouvement hard bop, et qui s'est développé au cours des années 1960 et 1970. Le terme funk provient de l'argot anglo-américain funky, qui signifie littéralement « puant », « qui sent la sueur »… Ses origines remontent aux années 1950, où l'idée de ces rythmiques est venue des bars de La Nouvelle Orléans, qui étaient pauvres et ne possédaient qu'un piano pour distraire la clientèle. (wikipedia)
Golden Stage / Ensemble(s) / Femme fatale / Mazelfreten / La Villette / Mars 2022
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