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Capucine Goust / Tselem / Micadanses / Septembre 2017

  • Capucine Goust / Tselem / Bienfait(s)

    Goust capucine tselem 11 micadanses 26 09 17Goust capucine tselem 04 micadanses 26 09 17Goust capucine tselem 12 micadanses 26 09 17                                                                                                                         Ph. J.M. Gourreau

    Capucine Goust :

    Bien fait(s)

     

    Tselem photographie audoin desforges 1Bien que l’été soit désormais terminé, la seconde édition du "festival" Bien faits bat son plein avec au programme 9 soirées de spectacles signés Louis Barreau, Jean-Christophe Bleton, Capucine Goust, Yoann Hourcade, Joanne Leighton, Sylvain Riejou, Simonne Rizzo, Arno Schuitemaker et Raphaël Soleilhavoup. Une sorte de prélude à la 20ème édition de Faits d’hiver qui verra le jour en janvier prochain. Bien faits met en scène des jeunes et des moins jeunes, pas tous encore très connus mais qui, tous,  ont leur mot à dire. Il est bien sûr impossible de rendre compte de l’ensemble des prestations de ces artistes que Christophe Martin a pris sous son aile ; mais cette manifestation a permis de découvrir de nouveaux talents, en particulier celui de Capucine Goust qui a présenté à Micadanses sa toute première œuvre, Tselem, témoignant d’une grande sensibilité, d’un lyrisme exacerbé et d’une profonde maturité.

          Si cette artiste fait ici ses premières armes de chorégraphe, elle est en revanche bien connue comme danseuse et interprète : diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon en 2008, elle rejoint très vite la même année Nasser-Martin Gousset pour sa reprise de Peplum et la création de Comedy. Dans les années qui suivent, on la retrouve dans la quasi-totalité de ses créations : Pacifique en 2010, En attendant Godard en 2013. Elle sera également son assistante pour Le visiteur (2013), ainsi que dans la chorégraphie du long métrage de Paul Calori et Kostia Testut, Sur quel pied danser (2016). Entre temps, elle participe comme interprète à la création de Révolution d’Olivier Dubois (2009) et à celle de Symfonia Piesni Zalosnych de Kader Attou (2010).  Elle danse également pour Joëlle Bouvier, Karine Saporta, Dave Saint-Pierre, Benjamin Millepied, tandis qu'elle poursuit le développement de sa sensibilité à l’art de Terpsichore auprès de Catherine Diverrès dans le travail et l’interprétation de ses dernières pièces, Penthésilées (2013), Solides (2014) et Blow the bloody doors off (2016).

    TselemGoust capucine ph a commendaTselem photographie audoin desforges copie 1                                 Ph. Maxime Garault                                                   Ph. Audoin Desforges                                                    Ph. Alexis Komenda

    Tselem est d'ailleurs fortement marqué par la poésie et l’univers de Catherine Diverrès. C’est une pièce très sombre qui porte en elle la mort d’une amie d’enfance de la chorégraphe qui s’est suicidée à l’aube de ses vingt ans et qui convoque la reconstruction du soi. Sur scène, une femme est assise à une table rouge, empreinte d’un profond désarroi, face à un évènement qui, visiblement, la dépasse. Elle se lève, fait quelques pas hésitants, retourne à sa chaise, se rassoit. Une émotion dramatique incommensurable se dégage de cet être perdu qui semble ne plus savoir qui il est ni ce qu’il fait. Mais personne n’est là pour le soutenir. Que dire, que faire ? Son désarroi touche, étreint le spectateur impuissant. Celle-ci se raccroche alors à quelques objets qui se trouvent là, par hasard, une théière et une tasse qu’elle déplace plusieurs fois - objets anodins que l’on sent plus que l’on ne voit - comme pour faire vivre un rituel de partage. Elle se cramponne aussi à cette table-refuge, s’y appuie, s’y arrime, cherche à la faire tournoyer, piètre et dérisoire soutien. C’est pourtant elle sa seule et unique amie dans cet univers morne et triste. Peu à peu, la confiance lui revient. Ses gestes fragiles, simples et naturels, dans lesquels se lit une inéluctable fatalité, sont cependant empreints d’une douceur, d’une grâce et d’une émotion ineffables. Sentiments exacerbés par la projection, en arrière plan, d’une forêt aux arbres dépouillés et dont les branches semblent enserrer et transpercer son image. L’on songe immanquablement à Erlkönig, cette célèbre ballade de Goethe, qui évoque ce père chevauchant sous l’orage dans une ténébreuse et profonde forêt, son enfant dans ses bras, lequel sera peu à peu emporté dans la mort par le roi des aulnes.

    J.M. Gourreau

    Tselem / Capucine Goust, Micadanses, 26 septembre 2017, dans le cadre du Festival "Bien faits".